Comment l’intelligence artificielle aide l’industrie textile à aller vers une mode durable

L’IA s’est progressivement imposée dans le secteur et a notamment favorisé l’émergence de nouvelles solutions technologiques qui ont permis d’apporter, entre autres, des améliorations à la chaîne de valeur de la mode.

Le secteur de la distribution et du retail regorge d’une quantité impressionnante de données (suivi des stocks, préférences consommateurs) qui vont être étudiées et exploitées par l’IA afin de rendre sa chaîne de valeur plus intelligente et connectée. L’analyse de ces données va notamment permettre d’enrichir les processus industriels (gestion des stocks et des réapprovisionnements) et de mieux prédire les ventes, en fonction des tendances, des conditions météorologiques ou des comportements des consommateurs. Tout cela est fait dans l’objectif final d’optimiser l’expérience client des consommateurs.

L’IA a permis le développement d’outils capables d’optimiser la production textile, la rendant plus efficace tout en réduisant son impact écologique.

La fast-fashion pointée du doigt

Chaque année, près de 100 milliards de vêtements sont vendus dans le monde entier. Les ventes en ligne ont fait grimper ce chiffre à des niveaux stratosphériques. Les consommateurs ont la possibilité d’acheter des articles en ligne et cette pratique a explosé, notamment avec la crise sanitaire. En 2020, le commerce électronique représentait 17 % du total des ventes au détail. Une étude du Boston Consulting Group a montré qu’en 2025, cette proportion pourrait atteindre 30 %.

Expédition rapide, possibilité d’essayer chez soi et de renvoyer gratuitement, les avantages de l’achat en ligne de vêtements sont nombreux. Néanmoins, ce mode de consommation a un impact très négatif sur l’environnement, sans parler des conditions de travail souvent déplorables de certaines usines textiles. C’est pourquoi de nombreux consommateurs recherchent désormais des marques durables et éthiques.

En réponse à cette prise de conscience, de nombreuses entreprises se tournent vers l’intelligence artificielle pour les aider à augmenter leur productivité et à réduire les déchets.

Comment l’IA peut aider à résoudre les défis de l’industrie textile

L’intelligence artificielle est un ensemble de techniques qui permettent aux machines de simuler l’intelligence humaine. L’IA peut être utilisée par l’industrie textile de plusieurs façons :

• En réduisant le besoin de travail manuel : les robots peuvent se charger des tâches trop répétitives ou dangereuses pour les humains.
• En augmentant l’efficacité du processus de production : en analysant les données, l’IA peut aider à identifier les problèmes de production.
• En mettant en place des systèmes d’inventaires précis : grâce à la personnalisation basée sur l’analyse des données des clients et la prédiction.
• En améliorant l’expérience du client : que ce soit pour les relations clients ou pour la personnalisation des textiles en fonction des besoins et désirs.
• En réduisant le coût unitaire de fabrication : avec les systèmes de gestion, il est possible d’automatiser de nombreuses tâches, d’anticiper les fluctuations des prix des matières premières, etc.

Ce ne sont que quelques exemples faisant intervenir les nouvelles technologies et en les associant pour répondre aux besoins des industriels et à leurs spécificités. La personnalisation est l’un des axes d’évolution majeurs pour les entreprises du secteur textiles. Les applications sont nombreuses, notamment en termes de modélisation 3D pour des essayages virtuels permettant de réduire les coûts de fabrication et d’expédition et donc l’impact environnement.

Des obstacles pour déployer l’IA dans le secteur textile

Le déploiement de l’intelligence artificielle dans une entreprise, quelle que soit sa taille, demande planification et organisation. De nombreux paramètres sont à prendre en compte. La multiplication de l’offre de solutions numériques implique également de faire une veille efficace.

Au niveau technique, les entreprises doivent également pouvoir disposer de données de qualité et structurées afin de pouvoir alimenter les algorithmes, de personnalisation ou encore de prédiction et d’aide à la décision. Ce n’est pas toujours le cas, surtout pour les petites et moyennes entreprises.

Le facteur humain est également un élément important de la réussite d’une telle transformation. La main-d’œuvre doit être formée pour utiliser les nouvelles technologies et travailler aux côtés des robots. Il est également nécessaire de faire évoluer la culture de l’entreprise pour la rendre plus ouverte à l’innovation.

Les solutions de personnalisation de masse comme celles offertes par l’IA présentent une opportunité certaine pour le secteur textile de réduire son impact environnemental tout en augmentant sa productivité. La conversion des mesures 2D en 3D d’un point de vue technique est un sujet sur lequel de nombreux chercheurs et entreprises travaillent. Cette opération doit également prendre en compte de nombreuses données liées aux préférences des clients et à leurs données (tailles, formes, style, couleurs, etc.).

Ce type d’outils 3D intéresse de nombreux industriels et investisseurs. L’intégration de l’IA dans l’industrie textile se poursuit à différents niveaux selon les problématiques du secteur. Les solutions intelligentes sont des outils puissants qui peuvent aider réduire l’impact environnemental de la mode tout en augmentant sa productivité. Cependant, il est important de noter que le succès du déploiement d’une IA dépend de la volonté réelle des entreprises de changer leurs méthodes de production.

Prédictions, optimisation et ultra-personnalisation

Parmi les entreprises qui ont amélioré certaines de ces problématiques e-commerce grâce à l’IA, nous retrouvons la startup Bold Metrics avec son tout nouvel appareil « Apparel Insights », qui enregistre des mesures corporelles plus fiables grâce à des algorithmes. Le but de cet outil est de proposer des vêtements davantage adaptés aux morphologies des clients, et donc de diminuer le nombre de retours d’achats en ligne. En effet, ces derniers concernent en moyenne 30% de la totalité des achats, mais peuvent dépasser 50% en fonction du type de vêtements (denim par exemple). Parallèlement, la startup française Stockly a mis au point un système proposant aux sites de vente en ligne de basculer en mode marketplace en cas de rupture de stock. Cette technique permettant une augmentation des ventes de 30%, une amélioration du taux de conversion et de la satisfaction client. D’autres marques de prêt-à-porter, comme Etam, développent des chatbots pour donner des conseils sur la mode aux acheteurs.

Du côté des prédictions et des tendances, une innovation de l’antenne de Google « Think with Google » propose à la fois de partager ses données sur la mode et les tendances actuelles, et de suggérer à l’internaute un produit créé virtuellement en fonction de ses recherches, son sexe, son âge, et ses goûts artistiques et musicaux.

Bien entendu, au-delà des innovations, l’IA optimise l’expérience digitale des utilisateurs en améliorant les plateformes e-commerce elles-mêmes : ergonomie, temps de chargement, nombre de clics… L’acte d’achat est donc optimisé pour les personnes encore peu familiarisées au digital.

On compte parmi les autres innovations récentes les plus marquantes des robots-couturiers mis au point par une startup nord-américaine fabriquant des vêtements sans aucune intervention humaine. La confection de prêt-à-porter était jusque-là considérée comme impossible à automatiser en raison de la matière souple du tissu, compliquée à manipuler par des machines. Aujourd’hui, le tissu est momentanément transformé en un polymère rigide qui peut ainsi être travaillé puis replongé dans l’eau chaude pour revenir à ses propriétés initiales.