Le Financement en Afrique des ICC (Industries créatives et culturelles)

L’appui à la croissance et au développement industriel des industries culturelles est d’autant plus important que les économies ACP s’efforcent de se diversifier des activités traditionnelles d’exportation de produits et d’exploiter les nouveaux accords commerciaux de partenariat économique. L’investissement dans les industries culturelles présente également d’autres avantages tels que la pollinisation croisée et la promotion avec d’autres secteurs comme le tourisme, la production de biens et les TIC.

Il est également possible d’exploiter promotion d’une marque (ex : pays) et la propriété intellectuelle, générant ainsi des flux à valeur ajoutée et des emplois et des entreprises durables associées à l’essor de la classe créative. Les meilleures pratiques internationales suggèrent qu’un accès approprié au financement est important pour la compétitivité des entreprises dans le secteur créatif. Cette étude est consacrée aux mécanismes financiers accessibles au secteur privé (institutionnel, individuel, collectif et entrepreneurial) et au secteur public (les politiques et les mécanismes dans les domaines de la culture, du commerce et des taxes).

Le contexte politique pour le financement et le soutien aux entreprises et au commerce est très diversifié et dynamique. À propos de ce dernier, il existe une série d’initiatives politiques. Les taux des droits de douane sur les équipements importés sont l’une des préoccupations principales concernant la politique commerciale. Ceux-ci sont souvent très élevés.

Les mesures non tarifaires constituent un autre défi, telles que les taxes élevées sur le divertissement qui représentent en moyenne 40%. Ces défis sont encore aggravés par la vive concurrence au niveau des importations, les faibles droits de propriété intellectuelle et l’accès insuffisant au financement.

Devant de tels défis, les possibilités pour les mécanismes de financement alternatifs et innovants sont vastes. Ces possibilités ont été déjà signalées dans le Plan d’Action de l’OUA, qui vise à créer un système d’investissement et du financement orienté vers les industries culturelles de concert avec les banques. Même si les subventions sont généralement monnaie courante, elles ne sont pas d’orientation commerciale et ne visent pas le développement des exportations. Des financements sont disponibles pour aider les entrepreneurs qui participent aux événements internationaux, par exemple, les bourses de mobilité.

Le manque de données rend difficile l’appréciation de la marche des affaires et la planification stratégique. L’un des défis auxquels le secteur est confronté est le manque de données qui pourraient servir de base à la planification stratégique et aux activités. Les entrepreneurs émergents et les petites entreprises se heurtent à des difficultés pour accéder aux sources traditionnelles de financement étant donné l’accès déficient ou inexistant à la connaissance économique et au marché pour justifier des investissements et évaluer le potentiel de rendement de l’investissement.

Cette question revêt une importance capitale parce que les subventions dédiées aux activités non commerciales sont les modes de financement prédominants. Ce point est rappelé dans le rapport de l’étude réalisé par la CNUCED au sujet du secteur créatif en Zambie. Les auteurs énoncent que « comme la vaste majorité de pays, les industries culturelles et créatives dépendent largement des fonds publics et des incitations parce que les industries culturelles sont considérées du point du vue culturel et non pas commercial. Le rapport explique qu’en dehors des subventions par le Conseil national des Arts en Zambie, l’accès au financement est pratiquement inexistant.

  1. En réponse aux limites des cadres de financement local et externe existants, l’une des principales recommandations a été la mise en place du microfinancement destiné aux PME et aux start-ups. La Fondation néerlandaise Doen a établi un portefeuille diversifié de financement et de facilitation avec des fonds pour des organisations industrielles, des fonds pour les PME en Afrique de l’Est et en Afrique du Sud, ainsi que des laboratoires de scénaristes en Afrique de l’Est. Les banques africaines telles que la Banque d’import-export de Nigéria (BIEN) et la Banque culturelle du Cap Vert se sont également spécialisées dans l’octroi de prêts et d’autres mécanismes de financement aux entrepreneurs de l’industrie créative, permettant ainsi des délais de remboursement plus longs et des financements concessionnels. La banque d’import-export de Nigéria dispose d’un outil ciblé pour le secteur culturel/créatif intitulé Prêt nigérian pour les arts créatifs et les installations de divertissement.
  • Un autre programme de financement intéressant est le Fonds de garantie des industries culturelles (CIGF) créé par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) à Lomé en 2003 pour faciliter l’accès des entreprises culturelles en Afrique de l’Ouest au financement bancaire pour les projets culturels. Le Fonds de garantie a été initialement établi dans cinq États francophones d’Afrique de l’Ouest: le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal et le Togo. La gestion des fonds est confiée à la Banque de développement et d’investissement de la CEDEAO (BIDC) basée à Lomé (Togo). Le 14 septembre 2009, l’OIF et la BIDC ont signé un protocole d’accord et ont décidé d’augmenter le capital de la CIGF à 1 300 000 €, ce qui comprend une contribution de 650 000 € de la BIDC. Ils ont également accepté d’étendre la couverture aux quinze États membres de la CEDEAO. Le CIGF garantit le financement de projets d’un coût compris entre 1 million de francs CFA et 155 millions de francs CFA.
  • Le financement participatif, ou le crowdfunding, est une innovation qui soutient le financement des PME. On estime que le financement participatif, pour le secteur de la création, représente environ 20% du total des fonds collectés. Les types de projets qui relèvent des campagnes de création et d’innovation s’étendent aux films et aux vidéos, aux performances artistiques et aux événements, au design, à l’édition et à d’autres projets. Un autre exemple d’un programme du financement participatif qui cible le secteur créatif est celui de CitySoirée. Celui est une plate-forme d’arts et de divertissement dans lequel les musiciens financent leurs projets grâce à des concerts privés. CitySoirée est classé au 11e rang mondial de collecte de fonds en Afrique.
  • -L’un des exemples clés qui aborde le problème de la création de synergies sur le marché et qui est digne d’être reproduit dans d’autres régions est le Fonds HEVA qui vient du Kenya et est opérationnel en Afrique de l’Est. Le Fonds HEVA catalyse les stratégies de croissance des entreprises en phase initiale, optimise les chaînes de valeur du secteur créatif, fournit des fonds de roulement et des solutions de trésorerie, et offre un pont pour le financement de suivi des PME du secteur créatif. HEVA dispose d’un fonds destiné aux start-up et d’un fonds de croissance pour les entreprises plus établies. Un exemple de l’action d’HEVA dans l’intégration du marché est l’investissement dans la chaîne de valeur de la mode. HEVA a investi dans les entreprises de mode kenyanes afin d’accroître leur potentiel de commercialisation.

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *