L’agriculture biologique en Afrique : un levier d’innovations pour le développement agricole

L’agriculture biologique est une forme alternative d’agriculture pour les cultures et l’élevage qui n’utilise pas de pesticides, d’engrais artificiels, d’organismes génétiquement modifiés et d’antibiotiques pour augmenter la production. Cela présente de nombreux avantages pour l’environnement et les personnes qui utilisent ces rendements. En Afrique, malgré les besoins existentiels, le secteur a des difficultés pour se frayer un chemin.

En Afrique, l’agriculture biologique est peu recensée dans les statistiques officielles, alors qu’elle est de plus en plus présente sur les marchés locaux et d’exportation. La demande des consommateurs africains s’accélère, offrant un débouché économique dynamique. Aujourd’hui, les apports de l’agriculture biologique au processus de transition agro écologique amorcé sur ce continent sont indéniables. Elle diminue les impacts négatifs de l’agriculture sur l’environnement et sur la santé, notamment parce qu’elle n’utilise pas d’intrants chimiques de synthèse. Elle améliore la résilience des systèmes agricoles. Ses techniques spécifiques peuvent, dans certaines conditions, accroître la productivité agricole même si les rendements sont en moyenne inférieurs à ceux de l’agriculture conventionnelle. Forte utilisatrice de main-d’œuvre, elle peut aussi être une source d’emploi des jeunes dans les zones rurales. Certains travaux scientifiques et les initiatives prises par de nombreux acteurs locaux confirment tout l’intérêt de l’agriculture biologique sur ce continent. La recherche agricole doit désormais appuyer son émergence, dans un contexte où très peu d’études ont été conduites sur le sujet jusqu’à maintenant. Pour que se développent ces initiatives naissantes, la recherche pourrait aussi contribuer à l’élaboration de politiques publiques adaptées à différentes échelles.

En 2021, l’Afrique comptait plus de 850 000 producteurs biologiques. L’Ouganda et l’Éthiopie en concentraient environ la moitié – quelque 210 000 et 203 000, respectivement. La Tanzanie arrive en 3e position, avec près de 149 000 producteurs impliqués dans l’agriculture biologique.

Une pénurie d’engrais chimiques fait grimper les prix des denrées alimentaires et crée une crise pour les pays d’Afrique et pousse de nombreux agriculteurs désespérés et à la recherche d’alternatives. Selon The Conversation Africa, l’approvisionnement alimentaire mondial est désormais menacé en raison de la pénurie d’engrais. Beaucoup avertissent que nourrir une population mondiale croissante dans un monde de changement climatique ne deviendra que plus difficile.

En plus des défis agricoles existants, les pandémies et les guerres telles que la pandémie de Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne ont créé des problèmes tels que l’augmentation des prix du carburant, des denrées alimentaires et en particulier des intrants agrochimiques.

Les zones clés pour la biodiversité en Afrique subsaharienne ont connu une légère augmentation de la masse continentale par rapport à 2010, couvrant maintenant 41 % de la superficie totale des terres. En revanche, les zones de biodiversité ont considérablement diminué en Afrique du Nord, passant de 22 % en 2010 à 3,4 % en 2021.

En ce qui concerne l’utilisation d’engrais dans l’agriculture africaine, elle varie considérablement d’un pays à l’autre. En 2021, l’Egypte utilisait environ 415 kilogrammes d’engrais par hectare, avec la quantité la plus élevée du continent. A contrario, la République centrafricaine consommait 0,17 kilogramme d’engrais par hectare de superficie cultivée.

Avec 96 millions d’hectares de terres agricoles, l’Afrique du Sud dispose de la plus grande superficie de terres agricoles en 2021. Le Nigéria et le Soudan suivent avec 69 millions et 68 millions d’hectares de terres consacrées aux activités agricoles. L’Afrique du Sud possédait la plus grande superficie de terres agricoles d’Afrique en 2021, correspondant à environ 96 millions d’hectares. Ensuite, le Nigeria et le Soudan avaient respectivement 69 millions et 68 millions d’hectares de terres consacrées aux activités agricoles. Proportionnellement à la superficie totale des terres, le Lesotho était le pays africain avec la plus grande part de terres consacrées à l’agriculture.

Y a-t-il un marché pour les produits biologiques provenant d’Afrique ?

Les consommateurs sont prêts à payer un meilleur prix pour une meilleure qualité. C’est là l’un des nombreux bénéfices qu’offre l’agriculture bio aux agriculteurs des pays en voie de développement, avec l’exportation de produits bio vers les marchés de luxe des pays industrialisés. La demande en produits biologiques est croissante depuis plus de vingt ans et offre un énorme potentiel de revenu pour les entreprises de production, de transformation et de négoce du monde entier.

Les produits certifiés bio permettent d’accéder à des marchés locaux et internationaux attrayants, dans lesquels on peut fixer des prix plus élevés et gagner plus. En conséquence, les produits bio d’Afrique sont actuellement exportés vers de nombreux pays, particulièrement en Europe, et sont présentés avec succès à des salons internationaux. Le marché d’exportation biologique demeure toutefois peu accessible aux agriculteurs d’Afrique, et les marchés domestiques sont encore modestes. Il est donc essentiel d’améliorer l’accès au marché et de développer les marchés à l’échelle domestique et internationale.

Les Opportunités de l’agriculture biologique pour l’Afrique

Marché d’exportation

La croissance rapide du marché mondial de produits bio offre de plus en plus d’opportunités de commerce pour les agriculteurs bio africains. En fait, les produits certifiés biologiques originaires d’Afrique sont pour la plupart destinés aux marchés d’exportation. La grande majorité de ces produits est exportée vers l’Union européenne, le principal marché pour les produits agricoles d’Afrique.

La plupart du temps, vu la dominance des petits exploitants en Afrique, la chaîne d’approvisionnement typique est constituée d’une entreprise privée qui gère une multitude de petits exploitants comme sous-traitants afin d’assurer des quantités suffisantes pour l’exportation, ou alors des agriculteurs collaborent sur un projet d’approvisionnement et d’emballage pour des sociétés d’export.

En Tanzanie par exemple, les exportations sont surtout destinées à l’Union européenne et aux États-Unis. En tonnes, les fruits à coque lourds tels que le cacao, les noix de cajou et le café sont les principaux produits d’exportation. En termes économiques, le cacao, les noix de cajou, la vanille et le thé sont les principaux produits exportés.

L’élément moteur pour l’exportation des produits bio est la volonté croissante des grands détaillants et sociétés de transformation d’élargir leur assortiment biologique. Les consommateurs ne devraient pas seulement pouvoir acheter des produits bio frais, mais également différentes sortes d’aliments prêts à consommer variant des pizzas congelées aux mélanges de céréales pour le petit déjeuner. Comme la croissance rapide de tels aliments préparés implique l’achat d’un large éventail d’ingrédients bio, les pays ont commencé à se spécialiser dans certains ingrédients, notamment : les herbes et épices médicinales, les fruits et champignons séchés, les arômes et les édulcorants.

Marché domestique

Bien que le marché soit encore modeste pour les produits bio en Afrique, on observe une croissance des marchés bio domestiques dans le continent. Les marchés biologiques locaux sont généralement situés près des capitales et des grandes villes. La plupart des consommateurs qui connaissent et apprécient le biologique sont des étrangers et des citoyens de la classe moyenne supérieure, avec des valeurs semblables à celles des consommateurs de bio européens. Parmi les produits bio commercialisés, on compte les fruits et légumes frais, les produits laitiers, la viande, le vin, les herbes et les articles d’hygiène personnelle. En Tunisie et en Égypte, certaines boutiques spécialisées et chaînes de super- marchés (Metro et Carrefour) ont des sections bio. De même, les boutiques bio d’Afrique du Sud, du Kenya, de l’Ouganda et du Ghana sont en train d’élargir leur assortiment et jouent donc un rôle grandissant dans le marché bio domestique.

En Zambie, les agriculteurs bio vendent leurs produits sur des marchés agricoles locaux ou à des supermarchés urbains. Il ne fait aucun doute qu’avec une prise de conscience accrue du public, le potentiel des marchés locaux ou domestiques augmentera pour les produits bio. Cependant, peu de pays africains ont articulé une stratégie de promotion concrète pour les marchés domestiques.

En Ouganda, les produits bio destinés au marché domestique sont vendus dans des points de vente tels que des supermarchés, restaurants, écoles internationales ou marchés ouverts. Une grande variété de produits biologiques est fournie par des petits exploitants et transformateurs sur le marché domestique. Il s’agit notamment de café, de produits apicoles, de fruits et légumes frais et de fruits secs. Au fil des ans, la demande en produits biologiques a augmenté constamment.

Pour des produits tels que les fruits secs bio, la demande dépasse largement l’offre. On consomme de plus en plus de produits tels que le café arabica bio dans des restaurants et cafés. Par le biais d’un système de livraison de paniers de l’un des magasins bio (boutique NOGAMU), des fruits et légumes frais et d’autres produits biologiques (p.ex. sésame, épices, thés, concentrés de fruits) sont fournis sur commande aux clients. Les clients passent leurs commandes par téléphone ou courriel et les paniers sont préparés et livrés sur le pas de leur porte.

L’élément moteur du marché domestique bio est l’expansion rapide des grandes chaînes de détaillants. En ciblant les consommateurs de la classe supérieure dans les zones urbaines – y compris les étrangers et les citoyens nationaux instruits, ces chaînes tentent de plus en plus de répondre à l’intérêt des consommateurs pour une qualité supérieure, notamment biologique. Alors que la concurrence augmente entre différentes chaînes de détaillants, certaines d’entre elles sont plus motivées à promouvoir le biologique, dans le cadre d’une stratégie pour attirer la clientèle et se distinguer de leurs principaux concurrents par une image plus favorable. La fraîcheur étant perçue comme un critère majeur de qualité, surtout pour les fruits et légumes, les marchés de rue peuvent aussi devenir des vecteurs importants de la nourriture bio – surtout s’ils sont bien situés, près de consommateurs plus aisés – s’ils sont bien gérés et assurent la qualité par l’hygiène et des vendeurs fiables.

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